J'habitais alors à Shester House. Une jolie résidence tout en béton brut, avec piscine, restaurant à l'étage, sécurité à la réception et parking en sous sol.
A la lisière du centre ville, j'avais une vue de mon balcon sur tout Nairobi.
Photo Guy Rus : Vue sur Nairobi
Les principaux Hôtels se trouvaient à proximité.
Je ne les fréquentais pas souvent car les ambiances à touristes ou hommes d'affaires ne faisaient plus parties de mon monde.
Ce soir pourtant je voulais aller diner à l'Hôtel Intercontinental, avec cette âme de guerrier avant un combat dont la victoire est assurée d'avance, tant que le plan est simple et génial.
J'allais faire mon film à la barbe de tous, dans un territoire très contrôlé et ou la vue d'un simple touriste blanc est déjà suspect.
De diner au milieu de mes congénères pour qui aller dans une réserve en voyage organisé étaient pour eux un aboutissement, me donnait encore plus de volontés.
J'avais les chevilles qui enflaient et plein de moi je rentrai dans le Hall de l'Intercontinental pour diner.
Cependant je trouvais bizarre qu'un Kenyan me collait le talon. Six ans de Brousse et vous développez un sixième sens. Je me dirige vers la réception et je demande au réceptioniste si une personne qui n'existait pas était à l'Hôtel.
Je vais dans la boutique des souvenirs observer la réaction de de celui qui était après mes baquettes.
Je vois qu'il parle aussitôt au réceptioniste à qui j'avais demandé un faux renseignement. Il regarde dans ma direction et le temps de regarder ailleurs pour ne pas avoir l'air de deviner son intention, je l'ai perdu de vue.
Quand je veux sortir de la boutique, je tombe nez à nez avec lui. Surpris, il fait semblant de m'éviter.
Je m'installe à une table ou je peux l'observer discrètement par le reflet d'une vitre.
Arrivé au dessert après ce bon repas, mon homme parle à une charmante demoiselle de l'Hôtel et pointe son regard vers ma table.
La Belle de Nuit, ravissante jeune fille pour clients aisés, me demande la permission de s'assoir à ma table pour faire connaissance et plus si affinité.
Je commençais à faire le rapprochement entre mon départ demain et cette jeune fille venue pour m'interroger.
Je répondais à ses questions et j'orientais la discussion vers mon ami Xavier qui lui allait faire son film en toute légalité chez les Massai.
Je me dis que cela peut apporter un peu de confusion dans le cas ou ils avaient entendu parler vaguement de mon projet cinématographique.
Je quitte la jeune fille qui visiblement était pressée de faire son rapport.
Je retourne chez moi et je suis décidé à ne rien changer à mon voyage.
A peine chez moi je reçois un téléphone de la sécurité de l'aéroport. Il était 23H00. Il est vrai qu'il y a encore des vols en fin de soirée, mais quand même.
L'employer me dit que mon voyage pour Mandera est annulé pour raison de sécurité, et ne répond que ça à toutes mes questions.
Cette fois je dois changer mes plans et partir avec mon 4X4 le plus vite possible.
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Mon ami et responsable administratif du Kenya m'avait demandé si je pouvais avant de prendre mes congés en Brousse, installer sur nos sites Télécoms des appareils de mesures. Il n'avait pas envie de se déplacer.
Je l'appelle aussitôt pour lui dire que j'accepte de lui rendre ce service mais à condition que je passe chez lui vers les 4H00 du matin prendre les appareils en prétextant que je devais être de bonheur à Mwingi pour prendre le convoi militaire.
Je téléphone à Ali et lui demande de venir vers les 3H00 du matin à mon appartement en lui disant seulement que je souhaitais prendre le taxi pour l'aéroport un peu plutôt.
Avec Ali, je sors du parking souterrain qui est à l'opposé de la sortie principale. L'accès au parking se fait directement par l'ascenseur.
Si ceux qui me surveillent font le guet, ils ne s'attendront pas que je décide quand même à partir et de plus par le parking à 3H30 du matin.
Je suis donc chez mon ami et responsable pour ma boite du projet North Kenyan à 4H00.
Il nous offre un café fait par lui même, vue que ses boys dorment d'un sommeil profond.
Nous chargeons la voiture et nous partons vers la Somalie.
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J'avais une mission officielle et je pourrais toujours faire passer mes ustensiles optiques pour des appareilles de mesures si aux nombreux postes militaires sur plus de mille kilomètres de pistes, j'étais fouillé.
Comme on dit faire prendre des vessies pour des l'lanterne.
Photos Thierry Roget: Plein d'eau Habaswen 1987 lors d'un voyage plutôt avec Thierry en Somalie.