Tout allait au mieux. J'étais libre de filmer ce que je voulais et je ne voyais pas ce qui pourrait venir me troubler ici.
Le lecteur doit un peu s’ennuyer devant ces narrations à carractère philosophique de ces dernières pages.
Le sort qui a eu pitié du lecteur, en a décidé autrement.
Il va me donner l'occasion de racconter autre chose que des sujets à l'eau de rose sur les Somalis.
Pour ceux qui aimaient ces histoires, qu'ils patientent encore un peu, j'y reviendrais plutard.
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Piloir à blés
Photo Guy Rus
La vie s'organisait. Sous la toile cirée du surplus américain qui me sert d’abris et de campement, était rangé tout mon matériel cinématographique et photographique.
Toile de tente cirée emprenté à Hajji, venant de l'aide américaine vendu au marché noir. Cette toile me servira de toit durant tous mon séjour.
Photo Yussef
1 sac en cuir ou est rangé ma caméra 16mm et un autre sac pour mes 2 appareils photos avec ses objectifs et pellicules.
Mes films 16mm étaient restés à l’intérieur de la hutte de Youssef à l’ombre dans des sacs de plomb prévu à cet effet.
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Je prenais le thé sur une paillasse avec mes compagnons.
Nous discutions comme cela se fait dans le midi de la France ou ailleurs de tout et de rien.
La nuit allait tombée dans peu de temps et le soleil commençait a être rasant.
Au loin se soulevait un petit nuage de poussière indiquant la présence de visiteurs très certainement.
Ils s'approchaient et Je finis par distinguer un groupe de 5 hommes. 3 d’entre eux étaient habillés de pantalons kakis et armés, ils étaient coiffés d’un turban.
4 d’entre eux étaient somalis.
Le 5ème Kikuyu.
Parmi les 4 somalis, 1 était Jibrael de la tribu d’Hajji, les 3 autres de la tribu des Ogadens.
Les Ogadens sont loin de chez eux et ils ne pouvaient pas se trouver ici par hazard.
Leur térritoire se trouve vers Garrissa à 2 jours de convois de Ramu, mon point de départ dans ce semi désert.
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Youssef les accueilli comme des hôtes de maques.
Après les présentations d'usage, le Kikuyu et un des 3 Ogadens me fixaient du regard.
Ils constataient que la présence d’un « muzungu » au milieu de ce paysage était bien réelle car je crois qu’ils n’en étaient pas sûrs avant de me voir.
Ils continuaient de me fixer comme pour y déceler la vrai raison de ma venue dans cet endroit insolite.
Mais ils ne devaient pas penser que mon but était de faire un film sinon l'issue aurait été trops simple et immédiat: Dans le meilleur des cas, c’était la prison et ensuite peut être l’expulsion vers la France.
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Comme invités de marque ils choisissèrent comme camp de base mon campement avec mes sacs dont le plus compromettant était celui avec la caméra 16 mm qui était la preuve que je commettais une infraction.
Je rappelle que la caméra 16 mm fait parti du matériel professionel et son utilisation dans cette zone sensible est soumise à l'autorisation présidentielle donc très controllée.
Le Kikuyu fatigué par le voyage et la longue marche, s’allongeait et pris comme oreiller mon sac en cuir ou était enfermée ma caméra 16mm.
Les autres visiteurs étaient appelés par les sages de la tribu pour discuter.
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Hajji, le père d'Ali, avait parlé à Youssef avant mon départ dans le Bush, de mon projet de filmer la vie nomadique et lui avait donné son accord pour me laisser carte blanche.
Il lui avait aussi dit qu’il devait rester discret sur le but de ma visite car les zones de combats n’étaient pas très loin, juste à une centaine de kilomètres environs.
Comme je n'avais rien caché à Hajji, il dit à Yussef de veiller sur mon matériel cinématographique qui pourrait attirer la convoitise de rodeurs armés ou la suspicion des autorités à mon égard.
Les Somalis sont des gens fiers et libres.
Ils ne supportent aucune forme d’autorité que celle de leur clan.
La loi autre que la leur n’a pas lieu chez eux et de l’imposer est un acte d’agression.
Les Somalis sont considérés en général comme des hommes barbares et cruels.
Hajji savait que mon film présenterait leurs vrais personnalités. Une personnalité et façon de vivre proche de celle des Massais qui font l'admiration de tous les occidentaux et non celle de voleurs et tueurs qu'ils ne méritaient pas
Ma mission quelque part les servait. Nous étions amis et proches et nous ne pouvions pas nous trahir.
Je serais pour eux un porte parolle à Nairobi et dans mon pays.
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Youssef a sentit le danger, car le Kikuyu en utilisant mon sac comme d’oreiller essayait de deviner ce qui pouvait y avoir à l’intérieur.
Très rapidement il détourna l’attention du Kikuyu en l’envoyant chercher par un jeune sous prétexte que les anciens l’invitaient à se joindre à eux.
Le Kikuyu suivait son guide pour aller rejoindre les autres convives.
Youssef pris mon sac en un éclaire, échangea ma caméra par une boite de biscuit en fer ayant la même taille que ma caméra et remis le sac à sa place.
La nuit était dèjà tombée.
Ali et moi étions invités à partager le repas avec tout le monde.
Je faisais semblant de ne pas bien comprendre le swahili pour ne pas avoir à répondre à trop de questions de la part des Somalis Ogaden. Le Kikuyu restait silencieux.
Ali leur parlait de l’autorisation que son père avait obtenu à Ramu pour mon séjour dans le bush.
Les Ogaden répondirent qu’ils étaient au courant et heureux de me connaitre mais qu’ils n’étaient pas venus pour ça.
Ils accompagnaient le représentant administratif de la tribu des Jibraels pour collecter du bétails dont la vente permettrait d’ouvrir une école à Ramu pour les enfants des nomades.
Une bien grande escorte pour si peu!
Bahomas. Centure de branche d'accacia pour enformer les chèvres durant la nuit.
Photo Guy RUS
La discussion avec les anciens tournaient à la négociation à savoir à combien d’enfants ils avaient le droit d’envoyer à cette école.
Cela était proportionnel à leur contribution en nature qui s'opperera 2 fois par an, lorsque la tribu se trouvera proche de Ramu durant la saison des pluies.
Repas de Cérémonie.
Photo Guy RUS
Après le repas, Youssef nous pris à part Ali et moi.
il nous demanda d’aller rendre visite au camp de Nomade voisin situé à quatre heures de bonnes marche. Nous devions partir rapidement pour arriver vers les minuits.
Les 2 fils de Yousef, Jamal et Bachir, nous accompagnaient. Le message était de prendre notre temps et de revenir d’ici quelques jours.
Je voulais prendre mes appareils photos et Yousef me dit de laisser tous sur place pour ne pas éveiller de curiosités mal placées et de leur montrer que je ne cherche rien à cacher.
Je compris que c’était à la demande du Kikuyu. Je ne m’inquiétais pas outre mesure car Youssef à pris les choses en main en cachant la caméra 16mm.
Nous partions sur l'heure à la rencontre de nouveaux compagnons. |